Qu'est-ce que c'est la FOMO ( the Fear Of Missing Out - la Peur de Manquer) ?
Date de publication: 17-02-2023
Mise à jour le: 02-03-2023
Sujet: Santé mentale
Temps de lecture estimé: 1 min
Auteur d'articles
Eleonora OrioliRédacteur médical
Donata PratesiRédacteur et traducteur
Viktoryia LuhakovaLa FOMO, un terme très répandu chez les jeunes, est un phénomène social lié à la numérisation de la vie quotidienne. C'est l'abréviation de Fear Of Missing Out, la peur d'être exclu, qui correspond à la crainte de manquer ou de ne pas participer à une expérience agréable et gratifiante impliquant des connaissances ou des amis. Le Dr Donata Pratesi, psychiatre au Centre des troubles de l'humeur de l'IRCCS Ospedale San Raffaele-Turro, aborde le sujet.
Comment reconnaître la FOMO ?
"Le principal sentiment imputable à la FOMO est que les autres mènent une vie plus épanouissante que la nôtre", explique le Dr Pratesi.
La FOMO se définit par deux éléments principaux :
- l'anxiété liée à la possibilité que d'autres personnes puissent avoir des expériences agréables auxquelles le sujet ne participe pas ;
- le désir d'être constamment en contact avec les autres via les réseaux sociaux, la consultation compulsive des réseaux sociaux et des notifications éventuelles.
"Le deuxième élément est en quelque sorte une conséquence du premier et est lié au besoin de rechercher en permanence ce que font les autres et ce qui nous manque", précise le psychiatre.
Qui peut être concerné ?
C'est un phénomène qui touche aussi bien les jeunes que les adultes, mais les adolescents de sexe masculin sont les plus touchés.
La peur d'être exclu à l'adolescence est physiologique, tout garçon non invité à une fête peut éprouver un sentiment de malaise et d'inconfort. On parle de FOMO, et le phénomène devient pathologique, lorsque ce sentiment d'inconfort a un impact sur le fonctionnement quotidien de l'individu.
Comment la FOMO est-elle apparue ?
"La FOMO a toujours existé, même avant l'avènement du numérique, mais aujourd'hui, il y a tellement plus d'occasions de l'expérimenter car nous sommes constamment exposés à l'expérience des autres ". C'est comme si notre vie était constamment exposée, ainsi que celle des autres. Tout a encore explosé avec la création des stories Instagram qui permettent d'avoir un compte rendu quotidien de la vie des autres dans les 24 heures qui suivent leur publication : cela implique une surveillance continue du réseau social et du smartphone', poursuit le spécialiste.
La FOMO découle donc de l'impossibilité de participer à des activités partagées par des amis et des connaissances, mais dans d'autres cas, elle peut survenir sans impliquer d'autres personnes. Dans ce cas, la crainte d'être exclu provient du fait que l'on a trop de choix quant à la façon d'occuper son temps libre. "S'il y a tant d'options parmi lesquelles choisir, cela peut conduire à la perception que les expériences que vivent les autres sont meilleures et plus intéressantes. L'individu perd le sens de la réalité et se fie à l'interprétation des "posts" des réseaux sociaux.
La liberté de choix, et donc la présence d'un plus grand nombre d'options, génère chez l'individu atteint de FOMO le sentiment de ne pas avoir fait le meilleur choix, laissant un sentiment d'anxiété et d'inadéquation.
Les symptômes de la FOMO
La FOMO est étroitement liée à la dépendance aux smartphones et se caractérise par :
- hyper-contrôle compulsif du smartphone ;
- ont besoin d'être constamment connectés ;
- incapacité à s'abstenir de lire les notifications.
"Il se caractérise par le besoin de mettre constamment à jour les pages web et, d'un point de vue cognitif, la FOMO se caractérise par des pensées obsessionnelles sur la connexion.
Ce n'est que lorsque ce besoin devient constant et extrême qu'il peut conduire à des conditions pathologiques :
- l'anxiété sociale ;
- des niveaux élevés de stress :
- l'insatisfaction ;
- l'insomnie ;
- des symptômes anxieux et dépressifs.
Les causes
Les études qui ont été menées sur la FOMO montrent que les causes sont à rechercher dans la tentative de satisfaire l'un des besoins fondamentaux de l'être humain : la socialité.
"La tentative de satisfaire ce besoin peut conduire à une utilisation excessive des réseaux sociaux. Ceux qui ne se sentent pas suffisamment liés aux autres utilisent les nouvelles technologies par compensation", poursuit le Dr Pratesi, "Ainsi, les personnes qui sous-estiment leur propre vie et ont une faible estime d'elles-mêmes sont plus susceptibles de développer une FOMO".
Comment prévenir ou traiter la FOMO ?
"Nous devons tout d'abord nous rappeler que sur les médias sociaux, nous avons tendance à surestimer le bonheur et la réussite des autres. Nous ne voyons pas l'état réel de l'autre personne, mais nous voyons ce que les autres veulent que nous voyions", explique le spécialiste. Il est physiologique d'avoir des regrets, d'être indécis et d'avoir peur d'avoir fait un mauvais choix.
La FOMO peut donc être contrecarrée par les moyens suivants :
- la pleine conscience du présent : "Ceux qui vivent dans la crainte de perdre quelque chose sont comme toujours projetés dans le futur ou le passé, ils ont du mal à rester dans l'ici et le maintenant. Les exercices de méditation de pleine conscience sont donc une voie recommandable et viable pour tous" ;
- réduire la confrontation sociale ;
- apprendre à accepter le sentiment de solitude : "La solitude n'est pas nécessairement quelque chose que l'on doit fuir, mais prendre du temps pour elle est le premier pas vers une plus grande autonomie.
"Nous pouvons enfin dire qu'une antithèse au mot FOMO a été créée, la JOMO ( the Joy Of Missing Out - la joi de manquer). La clé pour contrer ce phénomène croissant chez les jeunes est d'accepter la réalité telle qu'elle est, de vivre le moment présent sans l'angoisse de manquer quelque chose", conclut le Dr Pratesi.