Auto-transplantation d'îlots pancréatiques
Date de publication: 23-12-2022
Mise à jour le: 28-04-2023
Sujet: Maladies du pancréas
Temps de lecture estimé: 1 min
Auteur d'articles
Sofia Erica RossiRédacteur médical
Gianpaolo BalzanoRédacteur médical
Lorenzo PiemontiRédacteur et traducteur
Viktoryia LuhakovaUne équipe de chercheurs de l'Institut de recherche sur le diabète San Raffaele et de chirurgiens du Centre du pancréas de l'IRCCS Ospedale San Raffaele et de l'IRCCS Istituto Clinico Humanitas de Rozzano a signé une importante étude dans Annals of Surgery. La recherche montre qu'il est possible de réduire les complications de certaines interventions chirurgicales pancréatiques particulièrement complexes en retirant complètement le pancréas et, en même temps, en utilisant la technique de l'autogreffe des îlots pancréatiques du patient pour préserver la production des hormones pancréatiques, l'insuline et le glucagon, qui sont nécessaires pour réguler la glycémie.
Les difficultés de la chirurgie d'ablation totale du pancréas
La duodénocéphalopancréasectomie (ablation de la tête du pancréas, du duodénum et des voies biliaires terminales) est l'une des opérations les plus complexes et les plus sujettes aux complications de toute la chirurgie abdominale.
La complication la plus fréquente est la fistule pancréatique, c'est-à-dire la fuite des sucs pancréatiques par la couture reliant le pancréas restant à l'intestin. Les fluides pancréatiques ont une action digestive et leur fuite peut endommager les tissus environnants, provoquant des infections et des hémorragies.
Lorsque le pancréas est particulièrement fragile, le chirurgien peut décider de retirer complètement l'organe pour éliminer le risque de fistule pancréatique, mais la pancréasectomie totale entraîne inexorablement un diabète particulièrement difficile à traiter, lié à la perte totale des hormones qui régulent le contrôle glycémique : insuline, glucagon, somatostatine, polypeptide pancréatique.
L'étude de San Raffaele
L'étude a évalué pour la première fois la possibilité de combiner l'autotransplantation d'îlots pancréatiques avec l'ablation totale du pancréas comme alternative à la duodénocéphalopancréasectomie standard chez les patients présentant un risque élevé de fistule pancréatique.
Les résultats ont confirmé que la pancréasectomie totale avec autotransplantation d'îlots réduisait le nombre et la gravité des complications par rapport à la chirurgie standard. L'autotransplantation d'îlots préserve, au moins en partie, la production d'hormones pancréatiques, améliore le contrôle glycémique postopératoire et facilite la gestion du diabète après une pancréasectomie totale.
"Lorsque le pancréas est très fragile, le chirurgien est conscient qu'une fistule pancréatique se développera après l'opération, et pourtant il ne retire pas complètement le pancréas car il craint les conséquences métaboliques qui en résulteront. Cette étude montre, pour la première fois, que grâce aux nouvelles thérapies de transplantation cellulaire, il existe une alternative et que l'autotransplantation d'îlots pancréatiques permet une pancréasectomie totale avec moins de crainte d'aggraver la qualité de vie du patient", explique le Dr Gianpaolo Balzano, chirurgien au Centre du Pancréas de l'hôpital IRCCS San Raffaele.
L'autotransplantation d'îlots pancréatiques
La transplantation d'îlots pancréatiques (ou autotransplantation) est une intervention réalisée pour prévenir ou réduire la gravité du diabète après une ablation partielle ou totale du pancréas. Elle consiste à extraire du tissu endocrinien du pancréas enlevé et à le perfuser dans la veine porte, ce qui permet au foie de produire de l'insuline sans avoir recours à un traitement immunosuppresseur.
"Au fil des ans, l'autogreffe a été utilisée presque exclusivement chez les patients subissant une ablation du pancréas en raison d'une pancréatite chronique, lorsqu'il n'est pas possible de la traiter avec les procédures médicales et chirurgicales standard", ajoute le professeur Alessandro Zerbi, chef du service de chirurgie pancréatique à l'IRCCS Istituto Clinico Humanitas et chargé de cours à l'université Humanitas. "L'étude qui vient d'être publiée montre comment la transplantation d'îlots peut être étendue en toute sécurité à d'autres pathologies telles que le cancer du pancréas.
"L'étude nous a permis de montrer que nous pouvons offrir de nouvelles solutions sûres et efficaces à des patients présentant des caractéristiques et des risques chirurgicaux différents. En fait, c'est un exemple de médecine de précision avec l'utilisation d'une thérapie cellulaire personnalisée visant à obtenir le meilleur résultat pour chaque patient", explique le professeur Lorenzo Piemonti, directeur de l'Institut de recherche sur le diabète San Raffaele à l'IRCCS Ospedale San Raffaele.
Afin de réaliser une autogreffe, il est nécessaire de coordonner l'activité chirurgicale avec celle de la production de tissus en laboratoire. Cette étude a également montré comment il est possible pour plusieurs instituts d'utiliser une seule installation pour la collecte et le traitement du pancréas en vue de la production d'îlots pancréatiques.
"Il s'agit d'un exemple de synergie et d'optimisation pour le développement et l'application à grande échelle des progrès de la médecine régénérative. Les installations et les connaissances en matière de manipulation des cellules et des tissus sont très spécialisées et leur gestion et leur mise en place sont très coûteuses. La possibilité de concentrer cette expertise dans quelques établissements hautement spécialisés, qui assurent ensuite une fonction de service pour la communauté clinique, est le modèle à suivre pour assurer la durabilité et l'accessibilité la plus large possible de ces approches thérapeutiques particulièrement avancées", conclut le professeur Piemonti.