Nouvelle approche pour traiter le glioblastome multiforme et ses rechutes
Date de publication: 07-09-2022
Mise à jour le: 28-04-2023
Sujet: Oncologie
Temps de lecture estimé: 1 min
Auteur d'articles
Sofia Erica RossiRédacteur et traducteur
Viktoryia LuhakovaLes résultats d'une étude menée par un groupe de chercheurs de l'IRCCS Ospedale San Raffaele et de l'Institut des neurosciences du Conseil national de la recherche de Milan (CNR-In), coordonnée par Vania Broccoli et Alessandro Sessa, ont été publiés dans la revue scientifique Science Advances. L'article décrit une nouvelle approche thérapeutique pour le traitement des tumeurs cérébrales, en particulier le glioblastome multiforme (GBM) et ses récidives.
En étudiant certaines cellules cancéreuses et cellules souches cancéreuses en culture, les chercheurs ont mis au point de nouveaux facteurs antitumoraux capables d'inactiver et de réduire au silence certains facteurs pro-tumoraux. Cette action se produit spécifiquement et exclusivement dans les cellules tumorales du cerveau, empêchant ainsi la croissance et la récurrence de la tumeur. Le traitement s'est avéré aussi efficace dans les cellules tumorales qu'il est inerte, et donc sans danger, dans les cellules saines, comme les neurones.
La recherche, menée in vitro et in vivo sur des modèles expérimentaux de glioblastome, a été soutenue par la Fondation AIRC pour la recherche sur le cancer et le ministère des universités et de la recherche (MUR), et ouvre la voie au développement de nouvelles thérapies potentielles pour ce type de tumeur et d'autres.
Problème de la récidive dans le glioblastome multiforme
Le glioblastome multiforme (GBM) est une forme très agressive de tumeur cérébrale qui reste difficile à traiter, notamment en raison des nombreuses récidives. Les patients atteints de GBM subissent généralement une intervention chirurgicale pour retirer la tumeur, suivie d'une radiothérapie et d'une chimiothérapie. Malgré cela, il est difficile d'empêcher la récidive tumorale dans presque tous les cas. En effet, les quelques cellules tumorales qui restent dormantes dans les tissus sains après le traitement sont capables de développer une résistance au traitement.
Dans le but d'obtenir une rémission durable pour ce type de tumeur, nous travaillons en laboratoire depuis des années à la mise au point d'une stratégie efficace pour cibler à la fois les cellules malades résiduelles et les cellules souches cancéreuses, et supprimer leur activité tumorale", explique Vania Broccoli, responsable de l'unité Cellules souches et neurogenèse à l'hôpital San Raffaele et au CNR-In.
Nouvelle approche thérapeutique développée à San Raffaele
Les cellules souches cancéreuses, souvent quiescentes mais capables de s'auto-renouveler et de former des tumeurs, utilisent des protéines particulières appelées "facteurs de transcription" pour se développer et proliférer. Parmi celles-ci, la protéine SOX2 est produite à partir d'un oncogène présent dans la plupart des tumeurs cérébrales, dont elle favorise le développement et l'agressivité.
En laboratoire, les chercheurs ont bloqué l'activité oncogène de SOX2, en créant une copie fidèle de celui-ci, mais avec la fonction inverse et donc capable d'inhiber tous ses gènes cibles. Ainsi, cet "avatar" génétique est capable de désactiver l'ensemble du réseau génétique en aval de l'oncogène SOX2.
"Notre idée était d'inactiver l'oncogène SOX2, qui favorise normalement la malignité des tumeurs, en créant une copie antithétique, développant ainsi un véritable facteur antitumoral. Pour ce faire, nous avons utilisé une technique de thérapie génique en insérant le nouveau facteur antitumoral, appelé SES (SOX2 Epigenetic Silencer), dans des vecteurs viraux, inoculés directement dans le site affecté. Nous avons ainsi pu éliminer ou réduire considérablement la croissance tumorale dans des modèles de GBM, tant in vitro qu'in vivo", explique Alessandro Sessa, chercheur au laboratoire des cellules souches et de la neurogenèse de l'IRCCS Ospedale San Raffaele.
"Le traitement s'est avéré efficace et spécifique pour les cellules cancéreuses et les cellules souches cancéreuses. Nous avons également constaté qu'il est sûr car il n'endommage pas les autres cellules saines du tissu cérébral, comme les neurones ou la glie".
Applications futures
Les résultats obtenus devront maintenant être confirmés par d'autres études en laboratoire avant de pouvoir être évalués dans le cadre d'essais cliniques sur des patients. "Nous espérons que cette nouvelle approche pourra bientôt compléter les thérapies actuelles pour les GBM. Le traitement a pu être réalisé en même temps que l'ablation chirurgicale, sans qu'il soit nécessaire de suspendre la chimio et la radiothérapie, aujourd'hui la norme pour ce type de tumeur", conclut Vania Broccoli.
Les résultats de cette étude pourraient également être appliqués au traitement d'autres types de cancer. Le SOX2 est en effet présent dans plusieurs types de tumeurs et dans certaines métastases hépatiques. En outre, la technique mise au point est modulable et polyvalente et pourrait en principe être utilisée pour délivrer d'autres facteurs anticancéreux, avec des applications contre les tumeurs du poumon, du sein, du foie ou du rein.